BIOGRAPHIE
Evi Keller, artiste plasticienne allemande est née en 1968, à Bad Kissingen. Elle vit et travaille à Paris. De 1989 à 1993 elle étudie l’histoire de l’art à l’Université Louis-et-Maximilien ainsi que la photographie et le graphisme à l’Académie de la Photographie de Munich en Allemagne.
Sa démarche artistique interroge le principe cosmique de la transformation de la matière par la lumière. Dans l’ensemble de son œuvre sculpturale, picturale, photographique, sonore et performative, l’artiste n’a cessé de se consacrer à ce processus de transformation, réunissant sa complexité sous le terme de Matière-Lumière.
Matière-Lumière est le seul titre qu’Evi Keller donne à toutes ses créations des 20 dernières années.
Que toute vie sur terre soit imprégnée de l’énergie solaire, a inspiré à l’artiste une vision qui unit la terre et le soleil et les fait évoluer dans un perpétuel devenir, dans le temps. Il était essentiel pour elle de puiser dans cette conscience et de trouver une nouvelle forme artistique pour matérialiser le soleil et son interaction constante avec nous, et finalement, au-delà du symbole du soleil, d’incarner la lumière dans ses dimensions physiques et spirituelles. Par ses créations, l’artiste souhaite matérialiser cette lumière, la préserver, l’amplifier et surtout transmettre cette force cosmique, l’énergie du feu céleste. « Matière-Lumière incarne le cheminement d’une prise de conscience de la puissance de la lumière, non pas de la lumière extérieure, mais de la révolution d’une lumière intérieure dont le soleil est le miroir, pour s’enraciner dans une existence cosmique et devenir co-créateur d’un processus universel. » dit l’artiste.
Dans la création d’Evi Keller, le principe des quatre éléments, feu, eau, terre, air, est omniprésent. L’artiste associe entre autres des pigments, des minéraux, végétaux, de la cendre, de l’encre, du vernis sur de fines couches de films transparents qu’elle superpose, dessine, peint, grave, gratte, efface, sculpte et quelques fois les brûle, les expose aux rayons du soleil, à la pluie, au vent ou encore les recouvre de terre, dans un cycle dont l’espace-temps, propre à chaque œuvre, peut s’étaler sur de nombreux mois et années avant sa mise au monde. Selon l’artiste, « c’est l’œuvre qui in fine décide du temps de sa naissance ».
Les films transparents, utilisés par Evi Keller, constituant une substance quasi invisible et immatérielle, jouent un rôle important dans la transmutation de ses œuvres par la lumière en matières changeantes, leur donnant vie par réflexion, réfraction, absorption et transmission, permettant une infinité de regards et d’œuvres possibles dépendant de la lumière et de la position du spectateur. « J’ai souvent l’impression que c’est la dimension mystique de l’astre solaire qui m’a guidée vers l’énergie fossile, soleil enseveli, dont sont issus les films plastiques, matériaux essentiels de ma création. Ces films sont porteurs de la mémoire de la vie. Issus du carbone organique, recyclé depuis des centaines de millions d’années au plus profond de la terre, ils constituent un lien crucial entre le vivant et les atomes créés dans le cœur des étoiles. Cette mémoire, une lumière fossilisée, et ce lien ciel-terre habitent mes œuvres, les rendent intemporelles et vivantes …. La substance des films plastiques, matière organique-synthétique, est réanimée et transformée dans le processus de création, acte réparateur qui anime un cycle de guérison, semblable à la photosynthèse donnant la vie. (…) » (Evi Keller, ARTE TV, 5 mars 2023, Le soleil : l’astre dans les arts, extrait d’un interview)
Evi Keller est représentée par la galerie Jeanne Bucher Jaeger, qui présente ses œuvres au sein d’expositions et de foires en France et à l’international. Parmi les faits marquants, l’artiste participe à la Nuit Blanche 2014 à Paris. La galerie consacre à l’artiste et sa création Matière-Lumière une exposition personnelle d’envergure de mai à septembre 2015. La même année, la Maison Européenne de la Photographie expose les photographies et l’œuvre audiovisuelle Matière-Lumière [Towards the Light-silent transformations], qui intègre alors la collection d’art vidéo de l’institution. Une conférence est consacrée aux regards croisés portés sur les œuvres de Joseph Mallord William Turner et Evi Keller à l’occasion du Cycle Les Lumières de la Vie organisé par l’Université Paris Diderot. A l’occasion de la cérémonie de clôture de l’Année de la Lumière à l’Hôtel de Ville de Paris en février 2015, l’artiste est invitée à projeter une œuvre audiovisuelle à l’issue de la conférence d’Hubert Reeves Redonner le ciel aux gens. L’année suivante, une installation Matière-Lumière est présentée à la Centrale for contemporary art à Bruxelles. Dans le cadre de l’exposition de ses œuvres au Musée des Arts Décoratifs est donnée la conférence « La matière au-delà du visible autour de Jean Dubuffet et Evi Keller ». En 2017, la philosophe et commissaire d’exposition Joke Hermsen choisit des œuvres clés d’Evi Keller pour l’exposition Château Kairos au Château de Gaasbeek en Belgique. L’artiste participe également à l’exposition « Passion de l’art. Galerie Jeanne Bucher Jaeger depuis 1925 au Musée Granet d’Aix-en-Provence » aux côtés notamment de Paul Klee, Vassily Kandinsky, Alberto Giacometti, Max Ernst, Nicolas de Staël, Mark Tobey et Jean Dubuffet.
Tout au long de sa démarche artistique, Evi Keller nourrit des collaborations régulières avec des danseurs et des musiciens contemporains. Au cours de l’année 2018, elle souhaite approfondir ses liens avec le monde de la musique et de la danse et décide de se consacrer entièrement à la création d’une installation monumentale, la Performance Matière-Lumière, présentée dans le cadre de la Nuit Blanche d’octobre à novembre 2019 en l’Église Saint-Eustache. Dans un rituel d’initiation au sens tribal, l’artiste accueille le spectateur au cœur de l’expérience intime et personnelle des visions multiples de la transmutation de la matière par la lumière. Performeurs [lumière, spectateur, artiste] interagissent dans un espace de transition pour vivre en un instant quelques milliards d’années.
De mars à juillet 2021, la galerie Jeanne Bucher Jaeger lui consacre une nouvelle exposition personnelle, Stèles. D’avril 2022 à février 2023, Saison d’Art 2022, le Domaine de Chaumont-sur-Loire, Centre d’Arts et de Nature expose l’une de ses œuvres vidéo majeures ainsi qu’une nouvelle création monumentale Matière-Lumière.
Du mars à avril 2022, l’artiste présente une Performance Matière-Lumière au Teatros del Canal de Madrid, dans le cadre du Festival Canal Connect. Du mai 2022 à février 2023, Evi Keller participe à l’exposition L’arbre dans l’art contemporain, réalisée par Paul Ardenne à Pont-en-Royans.
De janvier à juin 2023, l’artiste réalise la scénographie de l’Opéra Didon et Enée, de Henry Purcell, en collaboration avec la chorégraphe Blanca Li et Les Arts Florissants, dirigés par William Christie. Les représentations ont lieu au Teatros del Canal de Madrid, au Théâtre Impérial Opéra de Compiègne, à l’Opéra Royal de Versailles et au Gran Teatre del Liceu de Barcelone.
En 2023 Evi Keller est lauréate du premier prix Carta Bianca et est nommée parmi les « 100 Femmes de Culture ».